70 euros par an et par employé. Un quart d'heure de visite médicale tous les deux ans. Cela fait quand même 140 euros pour 15 minutes, soit 560 euros de l'heure. Pas mal.

Bon ! Reconnaissons que c'est utile. Par exemple, pour notre métier, l'accueil téléphonique ! La médecine du travail a découvert que c'est un métier à risque ! Si si, je vous assure, accueillir des appels téléphoniques est un métier dangereux ! C'est marqué sur le petit papier que nos standardistes rapportent de leur visite chez le médecin du travail : surveillance renforcée, travail sur écran !

Alors, pour leur reposer les yeux pendant les pauses, nous avons aménagé une grande salle de repos avec canapés, fauteuils, bibliothèque, lumière naturelle, décoration zen et accès à la terrasse ensoleillée avec tables et chaises pour manger et se détendre. Et bien sûr, nous avions pris soin de ne pas mettre d'écran (ni télévision, ni ordinateur), pour ne pas aggraver la..."pénibilité".

C'était sans compter sur l'addiction à internet. Nous avons dû installer des PC, connectés à la toile, et je peux vous dire que les chaises devant ces PC sont plus usées que les canapés.

Oui mais voilà, ces écrans là ne sont pas dangereux...puisqu'ils ne servent pas au travail. Pas plus, d'ailleurs, que ceux des smartphones, que chacun allume avant même d'avoir enfilé son manteau pour quitter l'entreprise. Et les écrans de télévision, aux couleurs toujours plus saturées, devant lesquels les français passent plus de 3 heures par jour en moyenne, ou encore les jeux électroniques dont la consommation ne fait que croître. Pas dangereux, je vous dis.

Attention ! Prière de ne pas rire. Ce sujet est sérieux, car ce risque, identifié par le médecin du travail, doit figurer sur le Document Unique d'Evaluation des Risques. Et, surtout, un remède doit y être apporté. Eteindre les écrans ?!!! Equiper nos standardistes de lunettes noires ?!!!

Ouf ! Bonne nouvelle, nous avons trouvé la solution. Les progrès en synthèse et reconnaissance vocale sont tels que nous aurons bientôt des standardistes virtuelles. Pourvu que la médecine du travail ne veuille pas les ausculter aussi.

Philippe GRANCHER