La tablette tactile par Ctésibios

28 août 2012 – 3 minutes

Voici un document écrit par un auteur anonyme à son ami Ctésibios d’Alexandrie (IIIe siècle avant J.-C.).

À la lecture de cette lettre, on doit pouvoir supposer que Ctésibios proposait à son collègue ou ami une invention qui aurait consisté à écrire avec une pierre calcaire claire sur une pierre sombre, probablement dans le domaine de la pédagogie (notre cher tableau noir). On notera ici les objections de cet auteur anonyme qui sont encore aujourd’hui étrangement d’actualité.

« Votre idée est intéressante mais j’y vois de bien fortes objections :

– les crissements du morceau de calcaire seraient insupportables aux étudiants.
– la poussière générée par l’écriture et surtout l’effacement risquerait de provoquer des allergies.

– après plusieurs effacements, la surface deviendrait peu lisible et il faudrait procéder à un nettoyage à l’eau, ce qui impliquerait une connexion à un réseau aqueux, et, plus grave encore une indisponibilité du dispositif lors du nettoyage humide, le temps que la pierre noire sèche.

– le matériel deviendrait inopérant en cas de perte ou d’épuisement des pierres blanches.

– le matériel évoqué ne permettrait pas un usage pédagogique pertinent car il inciterait l’enseignant à se limiter à l’écriture. Il ne pourrait donc pas explorer les idées et hypothèses des élèves, ce qui conduirait à un enseignement magistral forcement ennuyeux pour les élèves et qui pourrait donc avoir de graves répercussions en matière de résultat en aggravant l’hétérogénéité des élèves, ce qui pourrait causer à terme la fin de la suprématie incontestable de notre chère patrie d’Alexandrie.

Je préconise donc plutôt une surface qui s’utiliserait au doigt. Je crois ce système en effet, plus intuitif, rapide, sûr. Il aurait en outre la supériorité de permettre des modifications faciles.

En cas de besoin on pourrait utiliser un stylet, mais je pense que le doigt est le prolongement naturel de l’esprit et que tout outil intermédiaire ne pourrait que ralentir la pensée.

Nous utilisons la cire, le sable, mais je me plais à rêver d’un dispositif encore plus simple, que vous serez peut-être à même d’offrir à nos professeurs pour qu’ils puissent aisément traduire leur pensée et surtout celle de leurs étudiants.

Finalement, il aura fallu attendre 24 siècles et Steve Jobs pour avoir cette tablette tactile que ce visionnaire inconnu décrivait quelques trois cents ans avant notre ère. »

Cordialement,

Philippe Grancher


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